Ronin 4D, Un outil de tournage encore incompris
Posséder un Ronin 4D depuis plus d’un an m’a permis de tester ses vraies capacités sur des productions télé et séries. Si beaucoup de productions françaises hésitaient à l’utiliser auparavant, la mini-série Adolescence sur Netflix a démontré tout son potentiel en plan-séquence. Depuis, la tendance évolue : le Ronin 4D s’impose peu à peu sur les plateaux.
Les points forts du Ronin 4D
Stabilité et axe Z
DJI est depuis longtemps reconnu pour la stabilisation, mais le Ronin 4D franchit un cap avec son axe Z intégré, capable de compenser les mouvements verticaux. Courir, ramper ou se déplacer rapidement devient possible sans slider ni steadicam : une polyvalence rare et efficace.
Capteur Full Frame et dynamique impressionnante
Le capteur X9 (6K ou 8K) offre plus de 14 stops de dynamique et une colorimétrie cinéma. En ProRes RAW, la latitude d’étalonnage en post-production rivalise avec des caméras bien plus onéreuses.
Filtres ND intégrés et ergonomie pro
DJI a intégré une roue ND mécanique interne (jusqu’à 9 stops), un vrai gain de temps et de confort sur les tournages extérieurs. Plus besoin de manipuler la lentille ni de changer de filtres en urgence.
Compatibilité avec des optiques tierces
Officiellement, le Ronin 4D utilise la monture DL. Mais avec des adaptateurs (PL, L, E, M), il est possible d’y monter des optiques cinéma tierces : Leica, Zeiss, Cooke SP3, etc.
C’est une niche, mais un vrai terrain créatif : on perd parfois le contrôle électronique du diaph ou du point, mais le rendu visuel justifie pleinement cette approche artisanale.
Les points faibles du ROnin 4D à connaître
Poids et ergonomie
Avec modules et batteries, le Ronin 4D avoisine les 5 kg. Sur un tournage long, il devient vite éprouvant. Sans easyrig ou support dorsal, les journées se transforment vite en séance de musculation.
Limite de charge sur l’axe Z
Nous sommes à la limite de ce que le Ronin 4D peut encaisser.
L’axe Z supporte correctement les optiques jusqu’à 900 g environ, mais il est possible d’aller légèrement au-delà avec une calibration minutieuse et un setup allégé.
Par exemple, un Leica Summicron 90 mm monté avec mattebox et sans module LiDAR peut fonctionner, mais on atteint clairement la frontière de la stabilité.
Le système reste exploitable tant que l’équilibrage est parfait ; au-delà, on risque une perte de fluidité ou des micro-vibrations sur les mouvements verticaux.
Autofocus / LiDAR perfectible
Le module LiDAR aide beaucoup, mais il a tendance à “chercher” sur certaines optiques non DJI. En tournage pro, mieux vaut confier le focus à un 1er assistant caméra plutôt qu’à l’autofocus.
Rolling shutter et diaph
Le capteur présente un léger rolling shutter sur les panoramiques rapides. De plus, la gestion du diaph et du focus simultanément reste limitée : il faut souvent choisir entre contrôle du point ou du diaph selon la configuration.
Comment pousser le Ronin 4D au maximum
- Filmez systématiquement en ProRes RAW 6K/8K pour exploiter la dynamique complète et éviter le banding.
- Utilisez des objectifs manuels légers (< 1 kg) pour maintenir la stabilité de l’axe Z.
- Si vous optez pour des optiques plus lourdes (Cooke, Leica, Zeiss), retirez les modules non essentiels pour alléger le setup.
- Calibrez le gimbal avant chaque tournage en basculant plusieurs fois entre les modes de vol pour stabiliser gyros et GPS.
- Pour gérer la lumière sans toucher au diaph, un ND circulaire motorisé (ex. Tilta Polar ND) reste la meilleure solution, bien qu’elle pousse le système à sa limite.
Verdict du Ronin 4D : une caméra sous-côté mais redoutable
Le Ronin 4D reste sous-côté en 2025, surtout sur le marché européen. Pourtant, il est redoutablement efficace : mobilité, plan-séquence, workflow rapide et rendu cinéma.
Il demande de la maîtrise, un peu d’astuce, mais entre de bonnes mains, il rivalise avec des setups bien plus lourds et coûteux.
Si vous cherchez à vous démarquer visuellement, à créer des images vivantes et immersives, le Ronin 4D est un choix audacieux et pertinent.